Le numérique au cœur du plan “France Relance”
En Résumé
Ce jeudi 3 Septembre, le Gouvernement a présenté son plan de relance multisectoriel pour pallier les conséquences du Covid-19 qui a mis à mal une partie de l’économie française.
Répondant à l’objectif de retrouver d’ici 2022, l’activité d’avant crise, le plan de relance post-Covid comprend une enveloppe de 100 milliards d’euros dont un budget de 7,1 milliards alloué au secteur du numérique.
Comment est répartie cette somme ?
Le montant investit dans le secteur numérique s’articule autour de trois (3) thèmes essentiels permettant tant le maintien des activités existantes que le développement des nouvelles technologies :
· La mise en avant de la souveraineté technologique ;
· L’accélération de la transition numérique du secteur public et privé ;
· La lutte contre la fracture numérique.
3,7 milliards d’euros pour une Souveraineté Technologique
La plus grande partie du budget, financé par le Programme d’Investissements d’Avenir, est alloué au soutien des startups et des entreprises de technologies numériques stratégiques. En effet, l’objectif est de renforcer la souveraineté technologique française notamment par le « développement d’un écosystème French Tech », permettant l’émergence d’une souveraineté numérique européenne afin de concurrencer les géants américains et chinois.
De ce fait, l’État consacre une grande partie de cette somme (2,4 milliards d’euros), dans les technologies de rupture, telles que les technologies quantiques, d’e-santé, de cybersécurité, de cloud, d’intelligence artificielle ou encore dans les industries culturelles et créatives.
De plus, le Gouvernement alloue la somme de 500 millions d’euros aux start-ups, afin de soutenir les levées de fonds les plus importantes mais également afin de faire émerger les futures licornes françaises sur la scène internationale afin d’attirer des investisseurs étrangers. C’est donc dans ce but précis que la Banque Publique d'Investissement (BPI) va investir près de 400 millions d'euros en 2021.
2,3 milliards d’euros pour la Transition numérique des secteurs publics et privés
Afin de renforcer la compétitivité de la France, une transformation tant du paysage numérique public que privé s’est imposé.
Ainsi 1,7 milliards d’euros est accordé pour la transformation numérique de l’État et de ses territoires. De la dématérialisation des secteurs publics au renforcement de l’accessibilité de ces derniers pour les personnes en situation d’handicap, en passant par une numérisation du domaine pédagogique, le but est de moderniser la structure numérique de l’État.
Côté privé, 385 millions d’euros sont investis afin de soutenir pendant la période de 2020 à 2022, la transformation numérique des TPE, PME et ETI.
L’objectif étant de combler les retards des entreprises françaises et d’attirer des investisseurs étrangers, la stratégie à adopter se fonde atour de trois (3) points :
- La sensibilisation et l’accompagnement collectifs du secteur privé
- La réalisation d’audit et d’accompagnement personnalisé
- Le soutien des entreprises souhaitant réaliser un investissement dans les technologies de l’industrie du futur.
Enfin près de 200 millions d'euros sont spécifiquement consacrés à la transformation numérique des filières de l’automobile et de l’aéronautique.
1,1 milliards d’euros pour lutter contre la fracture numérique
Alors qu’aujourd’hui 1 emploi sur 5 créé est en lien avec les nouvelles technologies, de nombreuses entreprises se plaignent d’un manque de main d’œuvre qualifiée. C’est pourquoi le Gouvernement alloue un budget de 300 millions d’euros afin de former au mieux les salariés aux métiers du numérique et de faire des start-ups françaises des championnes du secteur du numérique.
Si le numérique a été d’une grande aide lors de la crise sanitaire, notamment via le télétravail, les appels vidéo, le commerce en ligne, etc... Le confinement a aussi amplifié la fracture numérique et les inégalités sociales. C’est pourquoi une enveloppe de 800 millions d’euros est accordée par l’État afin de déployer plus largement la fibre optique et de lutter contre l’illectronisme numérique. Il sera question de mettre en place des ateliers d’initiation au numérique par des médiateurs formés dans des lieux de proximité ou de développer des outils simples et sécurisés afin que des travailleurs sociaux ou des agents publics puissent aider les plus démunis à user de l’internet.
Des opinions qui divergent
Cette enveloppe de 7,1 milliards d’euros prévue par le Gouvernement a fait couler beaucoup d’encre et nombreux ne sont pas d’accord sur la somme consacrée.
En effet, pour Marianne Tordeux de France digitale, la somme allouée est insuffisante : « c’est une enveloppe un peu mince si on la compare à la valorisation que peut représenter une licorne française. Ce n’est pas avec 500 millions d’euros qu’on va éviter le rachat d’une pépite française ». Le même constat est fait par le Président et co-fondateur de BlaBlaCar, Frédéric Mazzella « on s'attendait à ce qu'il y ait un peu plus d'effort sur le numérique ».
A l’inverse, le secrétaire d’État en charge de la Transition numérique et des Communications électroniques, Cédric O s’est réjoui suite à l’annonce de ce plan, soulignant qu’ « après l'environnement, le numérique est sans doute l'un des piliers les plus importants du plan de relance ». Il rajoute que cette somme permettra de préparer les dix (10) ans à venir, notamment vers une transition numérique accélérée et une économie française numérique.
Le Sénat constate quant à lui, que les mesures présentées par le Premier Ministre Jean Castex sont conformes à celles proposées en juillet dernier, dans le plan de relance de la Commission des affaires économiques. Cependant le Sénat souligne la nécessité de mettre en place des politiques claires pour encadrer l’enveloppe consacrée au secteur du numérique, « injecter des milliards ne suffira pas, il faut également des réformes de structure, une rupture avec le centralisme administratif et politique français, un approfondissement de la décentralisation et une véritable simplification administrative ».
Alors qu’InfraNum salue les mesures prises par le Gouvernement et notamment la « généralisation de la fibre, l’emploi et la transformation numérique des entreprises ». Elle met aussi en garde contre les conséquences financières de l’installation de la fibre comme « service essentiel ».
On constate donc que l’enjeu du numérique semble avoir été reconnu. Afin d’atteindre les objectifs fixés, qui sont le soutien de la croissance des start-ups, la réduction de la fracture numérique et l’accélération de la transition numérique des entreprises et de l’État, la prochaine étape est d’attribuer correctement les sommes allouées par ce Plan de Relance.